23 Novembre 2020

Le document recensé n’est pas récent, datant de 2014. La Société trouve important d’y revenir puisqu’il s’est trouvé au centre d’un Webinaire montréalais tenu le 24 octobre dernier.
 
Le document se compose de trois parties. La première partie permet d’introduire le Positive Behavior Support (PBS), l’approche positive et enfin la prévention primordiale. La deuxième expose puis ventile trois tableaux des facteurs de prévention et de risque associés aux préventions primaire, secondaire et tertiaire : des recommandations s’y associent. 
La troisième partie propose une synthèse des sept recommandations prioritaires qui parcourent le document.
 
Les auteurs définissent le PBS comme une « science appliquée qui utilise les méthodes éducatives pour développer le répertoire comportemental de l’individu, et qui utilise également les méthodes de changement de systèmes pour redessiner un environnement de vie personnalisé susceptible, d’abord de réaliser la mise en valeur de la qualité de vie et, deuxièmement, de réduire au minimum le comportement problématique » (p.16). L’approche positive repose, selon les auteurs, « sur trois valeurs humaines fondamentales de même que sur des principes qui visent à en soutenir l’application dans le contexte de l’intervention au quotidien. Les trois valeurs sont la croyance, la considération et la reconnaissance. » (p.18). Ils retiennent enfin du concept de prévention primordiale qu’« il s’agit des mesures prises pour réduire les dangers futurs pour la santé, et ainsi inhiber les facteurs de manifestation (environnementaux, économiques, sociaux, comportementaux, culturels) qui augmentent les risques d’être atteint d’une maladie » (p.27). L’identification puis l’intervention sur les grands déterminants de la santé globale s’y présentent, à clé, comme étant ce qu’il y a à couvrir. Différents niveaux de prévention s’y imbriquent (primaire, secondaire et tertiaire); différents déterminants s’y combinent (le développement du jeune enfant ; le niveau de revenus et la situation sociale ; le niveau d’instruction et la littératie ; les réseaux de soutien social ; l’emploi, les conditions de travail et la santé au travail ; l’environnement physique ; les services de santé individuelle et publique ; le sexe, la culture).
 
Nous retenons des parties 2 et 3 les recommandations suivantes :

Niveau de prévention Recommandations
Primordiale Les services de 2e et de 3e ligne sont interpellés par les questions non plus seulement de la santé, du développement ou de l’adaptation et de la participation sociale, mais aussi par celle du mieux‐être.
Primaire Convenir avec certains partenaires des modalités les plus efficaces possible pour appliquer les mesures de prévention primaire (facteurs de protection) dès la petite enfance.
  Se doter d’un processus clinique favorable à l’interdisciplinarité et à la collaboration interétablissements.
Secondaire Le dépistage des troubles du comportement constitue un élément primordial de la prévention secondaire.
  Le rehaussement des compétences cliniques de l’équipe de base pour l’application des guides de pratique.
Tertiaire La mise en place d’un plan de développement de l’expertise en TGC est une condition essentielle à l’application des mesures de prévention tertiaire.
  L’application rigoureuse du PAMTGC[2] avec des conditions de suivi et de soutien clinico‐administratives circonspectes peut augmenter de façon marquée les possibilités de succès de l’intervention.

Les auteurs concluent leur Cadre de référence en soulignant que :

 a)     la liste des facteurs de protection et de risque qu’ils en sont venus à brosser « interpelle de nombreux systèmes et implique des enjeux évidemment multiples » ;
b)      « il est impératif pour l’ensemble des acteurs concernés de se donner une vision commune de ce qu’est la prévention, de se doter de mécanismes qui permettront de se répartir les responsabilités de manière éclairée et de se coordonner efficacement par rapport aux actions à produire dans l’intérêt des clientèles ciblées » ;
c)     « Les efforts pour relever le degré d’expertise afin de répondre efficacement aux besoins que requiert le niveau de prévention tertiaire sont actuellement très importants »,
d)     « qu’une concertation de l’ensemble des acteurs des multiples niveaux d’intervention est essentielle pour permettre une application des mesures de prévention primaire, secondaire et tertiaire » (p. 73-74).

 Les auteurs terminent en soulignant que « la capacité de fournir les bons services en visant le mieux‐être des clientèles vulnérables ne peut pas s’actualiser si les moyens (temporels, physiques, humains, financiers) ne sont pas disponibles » (p.74).
 
La Société se révèle impressionnée par la somme ainsi que par la qualité du travail déployée lors de la production de ce cadre de référence et des inventaires et formations qui s’y relient. Elle se questionne cependant quant à la pérennité d’une approche (la multimodalité professionnelle) dans un monde où l’unimodalité éprouve actuellement bien des difficultés à correctement s’exprimer. Avoir accès à une modalité de service est une épopée en soi, alors, avoir accès à plusieurs en même temps, coordonné de surcroit, semble tenir de l’utopie. D’où l’intérêt de fouiller pour voir si en vrai, plusieurs travaillent ensemble, ou si un parent ou une ressource isolée se retrouve, seul, à devoir recomposer ce qu’une communauté d’intervenants était censée pouvoir lui offrir comme prévention et comme intervention.

[1] Labbé, L., Choquette P. et Turgeon, M.‐J. (2014). Prévention des troubles du comportement et des troubles graves du comportement – Cadre de référence. Montréal, Canada : FQCRDITED | SQETGC.
[2] Plan d’action multimodale troubles graves du comportement