01 Juin 2020

Pour une personne vivant avec une déficience intellectuelle, le confinement est un défi supplémentaire. La Société a donc décidé de leur donner la parole pour en savoir davantage sur leur quotidien et les difficultés, et parfois aussi les joies de vivre confiné dans cette période extraordinaire de crise du coronavirus.

Cette semaine, c’est Joanie, qui vit en appartement supervisé depuis 9 mois, qui a bien voulu nous raconter son expérience.

Comment vas-tu aujourd’hui ? Où vis-tu ?

Ça ne va pas trop mal. Je vis depuis 9 mois en appartement supervisé, grâce à mes parents qui ont décidé de construire, avec d’autres parents, un immeuble dans lequel on vit avec d’autres personnes qui sont en déficience intellectuelle et qui sont autonomes comme moi. Nous avons un superviseur, chacun a un appartement autonome et fait sa propre cuisine, son lavage, ses commissions. Nos parents viennent de temps en temps et on les appelle si on a besoin de quelque chose.

Comment as-tu appris la nouvelle du confinement ?

J’ai écouté les nouvelles et quand je l’ai su, ça m’a fait un gros choc. J’ai trouvé ça très difficile après même deux ou trois jours, je faisais déjà une dépression nerveuse, que je fais encore. Je trouve ça vraiment difficile.

Qu’est-ce qui est le plus difficile ?

Par rapport à la famille, les grands-parents, mes petites nièces, mon chum, mes amis, on ne peut pas se toucher, se donner de câlins… On ne peut rien faire ! On peut se voir uniquement par caméra ou par téléphone et se parler de loin et c’est un peu plate et décevant.

Que fais-tu de tes journées ?

J’écoute souvent la télévision, je joue sur mon cellulaire, un ami a plein de casse-tête qu’il me prête. Quand je n’ai rien à faire, j’y joue ! Dans notre habitation, on a aussi des activités une fois par semaine pour jouer aux cartes, au Monopoly. Je suis pas mal tannée de rester enfermée dans la maison. J’ai toujours le même décor, la même place le même coin, c’est plate. 

As-tu pu apprendre des choses nouvelles ?

Deux fois par semaine, je fais de l’exercice avec le groupe et dans le même temps on s’encourage. On pense à autre chose. Les autres qui vivent dans le même bâtiment que moi vont bien, mais il y en a qui trouvent ça très difficile. Trois de mes ami.es qui vivent en appartement supervisé normalement ne sont pas à l’appartement. Ils vivent chez leurs parents. Une amie a un problème pulmonaire et elle ne peut pas sortir de chez ses parents, et elle doit parler à deux mètres de distance de sa mère.

Peux-tu sortir un peu la journée ?

Oui, à l’extérieur seulement une fois par semaine. On se retrouve en groupe à l’arrière de la salle commune, on relaxe et on jase. On fait aussi des marches le matin une fois par semaine, dans le stationnement. 

Tu comprends pourquoi il y a le confinement?

Je sais que le virus s’est propagé dans le monde entier très vite. Ça a été le choc et j’ai mis du temps à comprendre pourquoi ils font ça, mais c’est pour sauver des vies et c’est important pour ne pas propager le virus et ne pas le recevoir. J’ai expliqué ça à mon chum Frédéric, il a de la misère à comprendre et il trouve ça encore plus difficile que moi. Il est aussi déprimé, il n’aime pas être enfermé. On a l’habitude de sortir tout le temps de la maison ! C’est pas dans nos habitudes, ça casse notre routine un peu aussi. C’est comme le travail, on a hâte d’y retourner, de revoir des gens différents que ceux qu’on voit tous les jours. En septembre ça devrait être correct, mais il faut attendre que le soit vraiment fini. On est un peu déçu, mais c’est comme ça. Faut être patient !