12 Decembre 2023

Une lettre ouverte, co-signée par Amélie Duranleau, directrice générale de la Société québécoise de la déficience intellectuelle et Lili Plourde, directrice générale de la Fédération québécoise de l’autisme, a été publiée le 8 décembre 2023 dans le Journal de Québec. Préoccupés par les discussions en cours dans le cadre des négociations entre le gouvernement du Québec et le front commun au sujet de la constitution de la classe, les acteurs du milieu de la déficience intellectuelle ont tenu à rappeler les avantages de l’inclusion à l’école. 

Cliquez ici pour consulter l’article et visionner l’entrevue de Amélie Duranleau avec Mario Dumont à TVA Nouvelles. 

Voici le contenu de la lettre.

Depuis le début de la grève dans le système scolaire, les médias et les syndicats parlent beaucoup de la lourdeur de la tâche, notamment imposée par le trop grand nombre d’élèves ayant des plans d’intervention dans les classes régulières. Avec un refrain, une rengaine serait-on tenté de dire, qui s’installe: créons davantage de classes spéciales et le problème sera réglé.
 
Disons-le tout de suite: parce que nous sommes sensibles aux revendications du personnel scolaire au sens large, nous sommes solidaires du mouvement qui secoue actuellement le Québec. Il est vrai que les conditions de travail sont souvent difficiles et que beaucoup se «brûlent» en tentant de maintenir à flot le bateau qui prend l’eau.
 
Le problème est qu’on met le blâme sur les élèves en situation de handicap ou en difficultés d’adaptation ou d’apprentissage (HDAA), comme si leur présence était dérangeante et que les classes régulières se porteraient mieux si on les mettait de côté. On devrait davantage se questionner sur l’importance de modifier le financement des écoles et l’absolue nécessité de mettre en place tous les services nécessaires.
 
Enjeu
 
Comme nous le rappelions dans une récente campagne de sensibilisation résumée par le mot-clic #nosenfantsaussi (#ourkidstoo en anglais), les élèves HDAA ne sont pas des citoyens de deuxième zone. La Loi sur l’instruction publique (LIP) leur donne le droit de fréquenter les mêmes classes que les autres élèves à condition de leur accorder des accommodements.
Tout l’enjeu est donc là: il faut s’assurer que toutes les écoles au Québec aient les ressources nécessaires pour déployer ces accommodements et ainsi soutenir le développement de tous les élèves.
 
Impacts de l’exclusion
 
À notre avis, déplacer les élèves HDAA dans les classes spécialisées n’est pas la solution, car elle sépare les élèves HDAA du reste du groupe. Cette exclusion a un impact sur plusieurs aspects sociaux de leur apprentissage. Il faut engager plus de professionnels adéquatement formés, donner plus d’heures aux éducateurs spécialisés, sensibiliser l’ensemble de l’écosystème scolaire (élèves compris) à la différence, au handicap, etc.
Les bénéfices d’une réelle politique scolaire inclusive sont largement connus et documentés avec, à la clé, de plus grandes chances d’épanouissement social et professionnel, ainsi qu’une meilleure qualité de vie pour les familles. À l’inverse, diriger les élèves HDAA directement vers les classes spéciales, sans prendre le temps d’évaluer leurs besoins et leurs compétences, serait non seulement ne pas respecter la LIP, mais aussi renoncer à une société plus juste et plus ouverte à la différence.
Lili Plourde, directrice générale, Fédération québécoise de l’autisme
Amélie Duranleau, directrice générale, Société québécoise de la déficience intellectuelle