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Programme d’intégration au travail : « C’est carrément de l’exploitation »

  • Reportages

31 mai 2025

Consultez le reportage complet sur La Presse

« À la création des « plateaux de travail », le but était noble : initier à l’emploi les personnes qui vivent avec une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme. Mais ce modèle est aujourd’hui à la dérive. Certains parlent d’exploitation. D’autres carrément d’« esclavage ». Une enquête de Caroline Touzin et de Martin Tremblay. »

Dans une enquête bouleversante, La Presse met en lumière une réalité trop souvent passée sous silence : celle des personnes ayant une déficience intellectuelle coincées dans des stages éternels sur des plateaux de travail. Payées parfois aussi peu que 5 $ ou 8 $ par jour, elles accomplissent des tâches essentielles, souvent pour des entreprises à but lucratif, sans réelle possibilité d’avancement ou d’intégration vers un emploi régulier.

« Feriez-vous du bénévolat, vous, dans une chaîne de restauration rapide ou dans des commerces de grande surface cotés en Bourse ? Ça n’a pas de sens, ce sont des entreprises à but lucratif. Si le stagiaire fait le travail, embauchez-le. » – Amélie Duranleau, directrice générale de la Société québécoise de la déficience intellectuelle

Par ailleurs, le rapporteur spécial des Nations unies qui a critiqué le Canada en 2024 au sujet de formes contemporaines d’esclavage a montré du doigt l’exploitation des personnes handicapées sur les plateaux de travail.

Payée 8 $ par jour, sa fille n’a pas les moyens de s’offrir une carte d’autobus ni des lunchs à l’extérieur. La mère finance le tout, non sans trouver « enrageant de penser qu’une société riche comme la nôtre fasse travailler des personnes trisomiques 35 heures par semaine, sans les payer ».

La Société québécoise de la déficience intellectuelle (SQDI) soutient que les plateaux de travail doivent servir à développer des compétences, pas à combler gratuitement les besoins de main-d’œuvre. Ces stages doivent être un tremplin vers un emploi régulier. Or il y a un déséquilibre de financement majeur au Québec : plus d’argent est investi dans ces plateaux de travail que dans les programmes favorisant une véritable intégration professionnelle.

Ce constat s’ajoute à une longue liste de reculs en matière de services publics, d’inclusion et de respect des droits des personnes handicapées. C’est pourquoi la SQDI, l’Alliance québécoise des regroupements régionaux pour l’intégration des personnes handicapées (AQRIPH), la Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec (COPHAN) et la Fédération québécoise de l’autisme (FQA) ont pris la décision de ne pas participer à la Semaine québécoise des personnes handicapées cette année.

Heureusement le reportage met aussi de l’avant des histoires de réussite, mais elles prennent encore trop de temps à arriver, et sont trop peu nombreuses. 

La SQDI consulte la communauté de la déficience intellectuelle (via des sondages) pour mettre à jour son document d’orientations et demandes. Ce document sert à présenter les demandes de la communauté de la déficience intellectuelle de façon plus générale. La SQDI utilise ce document avec les élus et les ministères et organismes.

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