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Budget 2025-2026 : des ajustements qui négligent les personnes ayant une déficience intellectuelle et leur famille 

  • Avis & mémoires

25 novembre 2025

Le gouvernement du Québec a présenté sa mise à jour économique de l’automne, annonçant de nombreuses mesures. La SQDI vous offre son analyse des mesures qui concernent spécifiquement les personnes ayant une déficience intellectuelle et leur famille. 

Indexation des prestations sociales et des crédits d’impôts : un geste symbolique face aux besoins réels 

Parmi les nombreuses mesures annoncées, le gouvernement prévoit une indexation de 2,05 % des prestations d’assistance sociale et des crédits d’impôt à partir de janvier 2026. Si cette mesure vise à « protéger le pouvoir d’achat », cette augmentation reste largement insuffisante pour répondre aux besoins des personnes recevant des prestations d’assistance sociale, y compris celles ayant une déficience intellectuelle.  

Concrètement, en 2026 : 

  • le montant maximal pour le crédit d’impôt pour solidarité passerait de 1 256 $ à 1 281 $ (+25 $),  
  • la prestation de base du Programme d’aide sociale pour une personne seule augmenterait de 9 408 $ à 9 600 $ (+192 $).  

En combinant ces deux mesures, une personne seule bénéficiaire de l’aide sociale verrait son revenu augmenter d’environ 217 $, ce qui reste largement insuffisant.

Or, ces montants restent dérisoires lorsqu’on les compare au revenu viable calculé par l’IRIS : en 2025, il faut 40 084 $ par année pour vivre hors de la pauvreté à Montréal, soit plus de quatre fois le revenu d’une personne à l’aide sociale. 

Selon la Mesure du panier de consommation (MPC), qui détermine le seuil de pauvreté à partir du coût d’un panier de biens essentiels, 7,4 % des Québécois vivaient sous ce seuil en 2023. Les personnes en situation de handicap restent largement surreprésentées : près d’un tiers d’entre elles ont un revenu annuel inférieur à 15 000 $, comparativement à 22 % des personnes sans incapacité.

Cette mise à jour budgétaire ne suffira malheureusement pas à améliorer cette situation. 

Des baisses de cotisations sociales qui excluent les plus vulnérables 

Le gouvernement mise sur une réduction des cotisations au Régime des rentes du Québec (RRQ) et au Régime québécois d’assurance parentale (RQAP), rendue possible grâce aux surplus de ces régimes.  

Pour les personnes ayant une déficience intellectuelle et éloignées du marché du travail, cette annonce n’a aucun effet : pour en bénéficier, il faut cotiser régulièrement. Selon le gouvernement, ce sont surtout les personnes dont le revenu atteint environ 50 000$ par année qui profiteront le plus de ces baisses.  

La SQDI estime qu’au lieu de réduire les cotisations sociales, ces surplus auraient pu être utilisés pour bonifier les prestations parentales, notamment pour les familles ayant des très jeunes enfants avec des besoins particuliers. Une occasion manquée.  

Investissements sociaux : des montants trop modestes 

La mise à jour budgétaire prévoit 58,8 M$ sur cinq ans pour divers programmes sociaux. 

Le Programme d’adaptation de domicile (PAD) et le programme de rénovation domiciliaire pour les ménages à faible revenu en région seront bonifiés. Pour le PAD, ce sont 10 M$ supplémentaires par année pour deux ans qui seront alloués.  

S’ajoutent 5 M$ pour l’aide d’urgence en itinérance, 3,5 M$ pour renforcer les interventions psychosociales en situation de crise et 0,8 M$ pour soutenir les familles à l’aide sociale dans l’achat de préparations lactées. Ces mesures sont positives, mais demeurent avant tout symboliques.  

Face à la crise du logement et aux besoins criants des personnes en situation de handicap, ces mesures paraissent dérisoires surtout dans un contexte où la pauvreté semble ne pas s’améliorer année après année. 

La SQDI s’attend à mieux

 Ces ajustements budgétaires montrent une volonté de « faire quelque chose », mais ils ne s’attaquent pas aux causes structurelles de la pauvreté. Les personnes en situation de handicap, déjà plus à risque de vivre sous le seuil de faible revenu, restent largement oubliées. 

Pour la SQDI, il est essentiel que le gouvernement : 

  • Aligne les prestations des programmes d’aide financière de dernier recours sur le revenu viable, afin de garantir un revenu décent. 
  • Réinvestisse les surplus des régimes sociaux dans des mesures qui profitent aux familles vulnérables. 
  • Bonifie le financement du PAD de façon beaucoup plus considérable. 
  • Investisse dans le logement communautaire et adapté pour les personnes ayant une déficience intellectuelle, notamment pour les personnes en situation d’itinérance. 
  • Augmente les montants attribués à la Stratégie nationale pour l’intégration et le maintien en emploi des personnes handicapées

La SQDI continuera ses représentations afin de bâtir un Québec plus juste et inclusif pour les personnes ayant une déficience intellectuelle et leur famille. 

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Samuel Ragot

Samuel Ragot

Analyste sénior aux politiques publiques et conseiller à la défense des droits