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Avis – Plan stratégique de Santé Québec (2025-2028)
- Avis & mémoires
11 juillet 2025
Et les personnes ayant une déficience intellectuelle, dans tout ça ?
À propos du plan
Santé Québec a présenté un plan pour organiser les soins de santé et les services sociaux pour les prochaines années. Le but est de mieux répondre aux besoins de la population, rendre les soins plus accessibles et moderniser le réseau de la santé et des services sociaux.
Les bons côtés du plan
- Le plan nomme certains enjeux importants comme la difficulté à comprendre l’information en santé, le manque de littératie numérique (c’est-à-dire savoir utiliser les outils technologiques pour trouver, comprendre et partager de l’information en ligne), l’importance de réduire les disparités régionales, ou encore les problèmes d’itinérance et de placement d’enfants.
- Santé Québec veut améliorer l’accès aux soins et aux services pour les personnes dites « vulnérables ».
- Santé Québec propose d’utiliser un langage plus simple et clair, ce qui peut aider à mieux comprendre les droits et les services.
- Le plan parle du vieillissement de la population, ce qui pourrait ouvrir la porte à une meilleure prise en compte du vieillissement des personnes ayant une déficience intellectuelle.
Les risques à surveiller
- On ne parle jamais directement des personnes ayant une déficience intellectuelle, ni du handicap en général.
- Le plan veut revenir à l’équilibre budgétaire, c’est-à-dire que les dépenses ne dépassent pas les revenus du gouvernement. Cela peut mener à des coupes dans les services, surtout pour les personnes qui ont des besoins plus grands.
- Le plan met de l’avant une approche de soins « basée sur la valeur ». Cela veut dire que les soins sont choisis en fonction de ce qui donne les meilleurs résultats pour les patients, tout en coûtant le moins cher possible. Mais cela peut exclure les personnes ayant des besoins plus complexes, comme celles ayant une déficience intellectuelle, car leurs progrès sont plus difficiles à mesurer.
- Santé Québec mise beaucoup sur les technologies et l’autonomie, sans dire comment on va soutenir les personnes qui ont besoin d’aide pour utiliser ces outils. Le plan parle aussi de mieux collaborer avec les personnes proches aidantes, mais sans donner de détails sur l’organisation de cette collaboration.
- Santé Québec veut choisir les soins selon leur « pertinence », c’est-à-dire en fonction de ce que le réseau de la santé et des services sociaux juge le plus utile ou le plus nécessaire. Mais ce que le système considère comme prioritaire ne correspond pas toujours aux besoins réels des personnes ayant une déficience intellectuelle, comme le besoin de stabilité, d’accompagnement ou de soutien à long terme.
- Le plan parle de mieux coordonner les services dans le réseau de la santé, mais il ne dit presque rien sur la collaboration avec les autres ministères ou organismes. Pourtant, pour bien soutenir la population, il faut aussi que les services tels qu’en éducation, en emploi, en logement et dans la communauté soient mieux connectés entre eux.
Ce qu’il faut faire pour que le plan soit vraiment inclusif
- Nommer clairement les personnes en situation de handicap dans les priorités (incluant les personnes ayant une déficience intellectuelle).
- Ne pas miser uniquement sur les services numériques ou l’autonomie individuelle.
- Former le personnel à bien comprendre et accompagner les personnes ayant une déficience intellectuelle.
- Impliquer les personnes ayant une déficience intellectuelle et leurs proches dans les décisions.

Jean-François Rancourt
Analyste aux politiques publiques et conseiller à la défense des droits