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Avis commun – Caméras de surveillance dans les centres de réadaptation : une fausse bonne idée

  • Avis & mémoires

18 septembre 2025

Le gouvernement du Québec propose un règlement qui permet d’installer des caméras de surveillance dans les chambres des personnes vivant en centre de réadaptation, si elles ou leur représentant légal le souhaitent. L’objectif est de prévenir la maltraitance. 

Pourquoi la SQDI et la FMPDAQ s’y opposent

La Société québécoise de la déficience intellectuelle (SQDI) et la Fédération des mouvements Personne d’abord du Québec (FMPDAQ) reconnaissent qu’il est essentiel de protéger les personnes vulnérables. Cependant, elles considèrent que les caméras de surveillance ne sont pas la bonne solution : elles ne s’attaquent pas aux causes réelles de la maltraitance et peuvent même apporter de nouveaux problèmes. 

Les 5 grands enjeux 

Atteinte à la vie privée 

  • La chambre est un lieu intime. 
  • Filmer peut porter atteinte aux droits fondamentaux de vie privée, surtout si le consentement est mal compris ou imposé. 

Inégalités entre les personnes 

  • Les coûts (achat, installation, gestion) reviennent aux familles. 
  • Seules les personnes qui en ont les moyens pourront se protéger, ce qui crée une injustice. 

Plus de pression sur les personnes proches aidantes 

  • Les proches doivent gérer les caméras, visionner les images et s’occuper des incidents. 
  • Cela ajoute un fardeau à des proches souvent déjà épuisés. 

Risques d’utilisation abusive

  • Les enregistrements pourraient être consultés ou partagées sans autorisation, ou encore conservés trop longtemps. 
  • Le manque de règles claires augment ces risques. 

Une fausse impression de sécurité 

  • Les caméras de surveillance ne remplacent pas une présence humaine bienveillante. 
  • Elles peuvent créer un climat de méfiance et détourner l’attention des vraies solutions à la maltraitance. 

« Si les employés sont pour mal agir et qu’ils savent qu’il y a une caméra, ils vont simplement mal agir dans une autre pièce » 

– Anonyme, personne ayant une déficience intellectuelle 

Ce qu’il faut faire à la place 

Les organismes recommandent : 

  • Une meilleure formation du personnel 
  • Un encadrement plus rigoureux des ressources résidentielles 
  • Un soutien accru aux familles 

Conclusion

Pour vraiment protéger les personnes vivant en ressources résidentielles, il faut miser sur des solutions humaines, justes et durables. La surveillance par caméra peut sembler une réponse rapide, mais elle est inefficace et comporte trop de risques. 

Jean-François Rancourt

Jean-François Rancourt

Analyste aux politiques publiques et conseiller à la défense des droits