Le bien être de l’enfant à l’école : faisons nos devoirs
23 Juin 2020
Le plus récent avis du Conseil supérieur de l’éducation ne traite ni ne fait mention de la déficience intellectuelle. Il n’en présente pas moins des constats, des enjeux et des considérations qui nous paraissent mériter attention.
Une orientation principale émane du document : répondre à l’intégralité des besoins sociaux et émotionnels de l’enfant de façon appropriée et adaptée à son milieu de vie scolaire. Cinq axes prioritaires sont dégagés.
Le premier de ces axes veut que l’on considère l’enfant comme acteur de son bien-être. Le Conseil recommande à cet effet aux enfants de prendre leur place et aux équipes-écoles d’accompagner les enfants et de leur faire connaître et reconnaître leurs droits, de leur donner une voix au moment de prendre des décisions qui les concernent.
Le deuxième axe valorise le développement des compétences sociales et émotionnelles des enfants. Le Conseil recommande au ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur de rendre explicite et obligatoire le développement des compétences sociales et émotionnelles des enfants et de considérer l’acquisition de ces compétences comme un savoir-être qui se développe dans toutes les sphères d’activités de l’école, y compris au service de garde en milieu scolaire.
Le troisième axe encourage de fournir des ressources d’aide psychosociale accessibles, universelles et disponibles au moment opportun. Le Conseil recommande au ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES) de modifier le mode de financement des services aux EHDAA de manière à minimiser les évaluations administratives réalisées par le personnel professionnel attitré aux services complémentaires. Il recommande aussi au MEES et au Ministère de la Santé et des Services sociaux (Ministère de la Santé et des Service sociaux d’assurer la disponibilité des ressources professionnelles et techniques pour accompagner le personnel scolaire et venir en aide aux enfants dans leur environnement (la classe et le service de garde en milieu scolaire).
Le quatrième axe s’appuie sur le soutien du développement professionnel pour le bien-être des enfants et du personnel scolaire. Le Conseil recommande au MEES de promouvoir et de soutenir l’expérimentation de pratiques prometteuses ou innovantes favorables au développement des compétences sociales et émotionnelles des enfants et d’évaluer les mesures en place dans une optique d’amélioration de leur bien-être.
Le cinquième axe met l’accent sur la collaboration afin de partager une compréhension commune des besoins de l’enfant et assurer une réponse concertée à ces besoins. Le Conseil recommande au MEES, au MSSS et aux acteurs locaux et régionaux des deux réseaux d’assurer un leadership fort pour une collaboration interréseaux qui soutienne la mise en place de mécanismes de concertation à la fois formels, simples et souples en vue de permettre un dialogue constant entre les acteurs à l’échelle locale ou à l’intérieur d’un territoire donné. Cette concertation, centrée sur les besoins des enfants et de leur famille, doit permettre d’apporter des solutions concrètes aux problèmes vécus. Il recommande aussi et notamment aux directions d’école en collaboration avec les équipes-écoles et les organismes de la communauté, d’établir des partenariats en fonction des besoins du milieu, dans le respect de l’autonomie et de la mission de chacun.
Des conditions sont à assurer afin de pouvoir mettre en oeuvre ces différentes recommandations. De ces conditions, retenons des interventions bienveillantes assurées par du personnel qualifié et stable; plus de souplesse pour adapter l’école à son milieu; la nécessité d’aménager le temps autrement, de créer des espaces-temps de qualité inscrits dans l’organisation interne de l’école; un aménagement intérieur et extérieur des écoles planifiées de manière que des espaces agréables, diversifiés et fonctionnels soient disponibles en nombre suffisant aux enfants et au personnel scolaire.
La Société ne peut que donner un écho favorable au rapport déposé. Reconnaître l’enfant comme acteur de son bien-être, valoriser le développement des compétences sociales et relationnelles, accéder au moment opportun à des ressources d’aide psychosociale et soutenir la collaboration et la concertation entre les différents acteurs impliqués composent ainsi des axes qui rejoignent tout à fait notre planification stratégique. Certaines réserves n’en doivent pas moins être émises. Souhaiter la coordination entre le MEES et le MSSS est plus facile à recommander qu’à réaliser, ces deux organisations peinant encore et malgré les années qui passent à s’échanger des informations utiles et plus encore à s’en servir diligemment. À même enseigne, parler de l’école en définissant si peu le rôle que les enseignants sont appelés à y jouer laisse un peu pantois : c’est que le dosage entre le temps/matière que les enseignants ont à déployer auprès des élèves (voire et surtout les élèves porteurs d’une différence) et le temps imparti à répondre à des besoins sociaux et émotionnels tels qu’on en vient à se les représenter aurait mérité d’être davantage balisé et exemplifié.
Conseil supérieur de l’éducation (2020).
Le bien‑être de l’enfant à l’école : faisons nos devoirs, Québec, Le Conseil, 176 p