(Lettre d’opinion) L’ABC d’une rentrée scolaire réussie pour tous les élèves
26 Aout 2024
Alors que les élèves du Québec se préparent à retourner à l’école, la Coalition de parents d’enfants à besoins particuliers du Québec, la Fédération québécoise de l’autisme et la Société québécoise de la déficience intellectuelle s’inquiètent de la place de l’inclusion dans le système scolaire québécois. Depuis plusieurs années, nous remarquons une dégradation des services éducatifs offerts aux élèves handicapés, ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA).
Lire la lettre ouverte sur le site du Journal de Montréal
Nous ne sommes pas les seules organisations à alarmer les personnes élues sur cette situation inacceptable. En novembre 2023, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse tenait un colloque pour faire état de la situation. Cette situation est hautement préoccupante puisqu’un élève sur cinq est identifié comme EHDAA. Une proportion qui a doublé dans les dernières années.
Nous proposons trois pistes de solution pour une rentrée scolaire réussie pour tous les élèves.
Offrir un milieu scolaire sécuritaire
Tous les élèves ont le droit d’apprendre dans un milieu scolaire où ils se sentent en sécurité. C’est ce qui leur permet de s’épanouir. En décembre 2022, le ministre de l’Éducation avait annoncé la mise en place d’un cadre de référence pour les mesures de contention dans le milieu scolaire.
Bien que nous considérions qu’un simple cadre de référence n’est pas suffisant pour bien encadrer les mesures de contention, encadrer ces mesures est nécessaire pour assurer la sécurité des élèves. Cependant, ce cadre de référence tarde à être mis en place. Pendant ce temps, de nombreux cas d’utilisation inappropriée de mesures de contention sont reportés. L’utilisation abusive des salles de retrait est un exemple qui a des conséquences néfastes sur la scolarisation de ces élèves, ainsi que sur leur santé mentale.
Cette attente est insoutenable pour nos organisations puisque les droits de certains élèves sont bafoués par le manque d’encadrement approprié.
Du personnel enseignant qualifié
À quelques jours de la rentrée scolaire, il y a encore cette année un nombre impressionnant de postes vacants en enseignement. La pénurie de personnel professionnel qualifié affecte particulièrement les EHDAA parce qu’ils ne reçoivent pas le soutien qu’ils devraient recevoir de la part de professionnels faute d’être embauchés en nombre suffisant.
Le leadership et la vision à long terme en adaptation scolaire des directions scolaires et des centres de services scolaires y jouent aussi pour beaucoup dans cette offre de services complémentaires de qualité. Beaucoup de ces élèves sont déjà malmenés dans le système scolaire québécois, à cause d’une méconnaissance de leurs besoins et d’un manque de ressources pour les soutenir dans leur développement. Puisque ces élèves sont plus susceptibles de rencontrer des difficultés supplémentaires, le manque de personnel qualifié risque d’empirer une situation déjà fragile.
Il existe des solutions qui doivent être rapidement mises en place. La profession d’enseignant doit être davantage valorisée et actualisée. La formation et les outils nécessaires pour enseigner à tous les élèves doivent être disponibles au bon moment. De plus, il faut embaucher davantage de professionnels spécialisés (psychoéducateurs, psychologues, TES, etc.) dans les écoles publiques afin de permettre le développement du plein potentiel de tous les élèves et pour qu’ils soient inclus dans la collectivité à part entière.
Un milieu scolaire inclusif
Bien que la Loi sur l’instruction publique priorise l’inclusion des EHDAA, les dernières années ont été marquées par des reculs importants. Ces élèves sont de plus en plus ségrégués des autres élèves, que ce soit dans les écoles spécialisées ou dans des classes spécialisées dans les écoles régulières, sans que l’évaluation de leurs besoins, de leurs forces et de leurs compétences ait été faite.
Ces écoles et ces classes spécialisées ont leur utilité, mais elles ne sont pas toujours la meilleure option pour le développement des EHDAA. Avec le soutien nécessaire, un grand nombre de ces élèves pourraient très bien évoluer dans des classes régulières et offrir des occasions aux élèves qui n’ont pas besoin de soutien particulier d’apprendre des réalités diverses.
Le mandat de l’école n’est pas seulement d’apprendre aux enfants à lire et à compter, elle permet également aux élèves de développer des aptitudes sociales. Exclure les EHDAA des classes régulières a un impact sur plusieurs aspects sociaux des apprentissages mutuels.
Nos organisations sont conscientes que les écoles du Québec font face à de nombreux défis. Toutefois, les solutions apportées ne doivent pas exclure une partie de la population déjà marginalisée. Nous voulons travailler avec l’ensemble du milieu de l’Éducation afin d’assurer une rentrée scolaire réussie pour tous les élèves.
Amélie Duranleau, directrice générale, Société québécoise de la déficience intellectuelle
Bianca Nugent, présidente, Coalition de parents d’enfants à besoins particuliers du Québec
Lili Plourde, directrice générale, Fédération québécoise de l’autisme