07 Mai 2021

Pour la fête des Mères, nous souhaitons vous présenter trois mamans extraordinaires qui gravitent dans notre grande communauté de parents attentionnés. Portraits de femmes bienveillantes, d’enfants remarquables et d’un amour maternel inconditionnel. À toutes les mamans, joyeuse fête des Mères !
 
Stéphanie Cloutier travaille à la Société Québécoise de la déficience intellectuelle et est la maman de Lily-Rose.

On parle de personnes vivant avec une déficience intellectuelle, mais on oublie que ces personnes ont une grande intelligence. Comment définirais-tu celle de ta fille Lily-Rose ?  

Stéphanie Cloutier : Il y a quelques années, Jean-Marie Lapointe a dit quelque chose que je trouve particulièrement juste : plutôt que d’employer le terme « déficience intellectuelle », il disait que nous devrions dire « intelligence différente ». C’est vraiment le sentiment que j’ai avec Lily-Rose. Non pas celui d’avoir une enfant à l’intelligence diminuée, mais simplement ayant un mode de pensée modifié. Elle a une façon de croquer dans la vie, de vivre dans le moment présent qui est unique et très inspirante. Elle s’extasie devant chaque petite chose du quotidien. Lily-Rose a également une intelligence émotionnelle particulièrement développée. J’ai parfois l’impression qu’elle lit en moi comme un livre ouvert.  Elle vient spontanément vers nous et nous offre du réconfort dès qu’elle sent qu’on en a besoin. Elle a définitivement la petite touche magique pour redonner le sourire à quiconque.  

Que t’a appris Lily-Rose en tant que mère ?  

SC : Il est difficile de ne nommer que quelques exemples, car elle m’apprend tellement, bien plus que ce que moi je peux lui apprendre ! Lily-Rose me ramène à l’essentiel. Elle m’enseigne à prendre le temps de savourer les petits plaisirs de la vie et de ralentir le rythme, à me concentrer sur le moment présent et moins sur ce que les autres peuvent penser. Puis, elle me montre chaque jour ce que veut dire la persévérance et le courage, puisqu’elle doit travailler très fort pour parvenir à accomplir ce que font naturellement les enfants neurotypiques de son âge. Chacune de ses réussites me comble d’une immense fierté. Mais je dirais que l’un de mes grands apprentissages a été celui de l’accueillir tel qu’elle est, dans sa différence, sans regret ni déception. On rêve tous en tant que parent d’avoir un enfant « parfait », qui réussira à l’école et dans sa vie adulte. Mais la vérité, c’est que la réussite peut prendre plusieurs formes.  Notre famille trace sa propre route, sans égard aux standards de la société, avec pour seul objectif d’être heureux. 

Que voudrais-tu dire à une mère d’une personne ayant une déficience intellectuelle ? 

SC : Aux nouvelles mères qui apprennent à apprivoiser cette nouvelle réalité, je dirais : ne soyez pas trop dans l’anticipation du futur et faites confiance à la vie. Lorsque j’ai appris la trisomie 21 de Lily-Rose, j’étais terrorisée. J’avais peur de mettre au monde une enfant qui serait rejetée de la société et qui souffrirait tout sa vie de sa différence. J’avais également peur ne pas être à la hauteur.  Si j’ai vécu ma grossesse comme un orage, la naissance de Lily-Rose a été littéralement comme un arc-en-ciel dans ma vie. J’ai alors pleinement accepté qui elle était et pris conscience que sa différence était une force, et non une faiblesse. Aujourd’hui, je peux dire sans gêne que je m’estime privilégiée d’être la mère de Lily-Rose. Je n’échangerais ma place pour rien au monde. Je dirais également aux nouvelles mères de ne pas limiter leur enfant, en pensant qu’il ne sera pas capable de faire telle ou telle chose. Faites-lui confiance et incitez-le à foncer ! Les personnes ayant une déficience intellectuelle sont capables d’accomplir bien plus qu’on ne pourrait le croire.