21 Decembre 2022

Pour faire suite au reportage de Radio-Canada, conjointement avec la Fédération québécoise de l’autisme, la Coalition de parents d’enfants à besoins particuliers du Québec et la Société a interpellé, le 20 décembre, le ministre l’Éducation Bernard Drainville, dans une lettre ouverte.


 

Lettre ouverte
Le 20 décembre 2022

La Fédération québécoise de l’autisme, la Société québécoise de la déficience intellectuelle et la Coalition de parents d’enfants à besoins particuliers du Québec ont pris connaissance de la réponse du nouveau ministre de l’Éducation, monsieur Bernard Drainville, à la suite des reportages de Radio-Canada sur l’usage abusif des salles d’isolement dans les écoles.

Malheureusement, il nous semble clair que la solution proposée par le ministre : un simple « guide de références », ne suffira pas à s’assurer que l’utilisation des mesures de contrôles et de contention dans les écoles demeure exceptionnelle. Les faits rendus publics nous prouvent d’ailleurs déjà le contraire.

Pour nous, si le Ministre souhaite garantir que le recours aux salles de retrait dans les écoles soit vraiment exceptionnel, il doit étendre les mêmes standards dans la Loi sur l’instruction publique que ceux imposés aux professionnels du réseau de la santé et des services sociaux en ce qui a trait aux mesures de contention.

Par ailleurs, si le Ministre veut protéger le personnel des écoles, il doit s’assurer que ce dernier soit correctement formé et outillé pour intervenir auprès des enfants à besoins particuliers.

Nous ne sommes pas contre l’utilisation de salles de retrait. Dans certaines situations, des enfants ont besoin d’un endroit calme pour stabiliser leur état. L’utilisation de ces salles peut aussi être une mesure exceptionnelle, d’absolu dernier recours, lorsque l’escalade des comportements d’un élève fait en sorte qu’il devient un danger pour lui-même ou pour les autres. Or, les circonstances et les mesures de remplacement doivent être prévues en amont dans le plan d’intervention de l’élève et être encadrées par un protocole strict.

L’isolement dans ces salles n’est absolument pas une réponse éducative ni préventive. De plus, la planification de cette utilisation devrait être un acte réservé aux professionnels de l’intervention en situation de crise ou d’agressivité similaire à celle utilisée pour les mesures de contrôle dans le réseau de la santé et des services sociaux. Tous les détails doivent être notés au dossier de l’élève. Pour nous, une salle de retrait ne devrait pas être utilisée pour punir un enfant ou parce qu’on ne sait pas comment intervenir, faute de plan d’intervention ou de personnel. En plus d’être inefficaces, ces méthodes, ou plutôt ces « improvisations », peuvent entrainer chez l’élève un véritable sentiment de peur voire de rejet de l’école, pourtant la clé essentielle à sa future inclusion sociale et professionnelle.

Nous comptons donc sur le leadership du ministre de l’Éducation pour faire de l’école un lieu exemplaire en matière d’utilisation exceptionnelle des mesures de contrôle. Le réseau scolaire tout entier, personnel comme élèves, mérite une mobilisation à la hauteur de l’enjeu : tolérance zéro pour toutes les maltraitances envers les élèves, vulnérables ou non. Rappelons que d’avoir recours à du personnel non qualifié ou d’accepter des méthodes d’intervention nuisibles aux élèves sont des formes de maltraitance organisationnelles.

Pour éviter que ces formes de maltraitance ne deviennent systémiques et empoisonnent le développement scolaire et l’épanouissement d’enfants à besoins particuliers, il est urgent qu’une enquête publique dresse un portrait de la situation, établisse des procédures plus efficientes, rende obligatoires des plans de formation adéquats et clarifie, in fine, les responsabilités de chacun et chacune.

Pour cela, nous réitérons au ministre et à ses équipes notre volonté d’être associés au plus vite à ce défi de faire de l’école ce lieu exemplaire d’acceptation de la différence. Nous sommes prêts, l’êtes-vous ?

 

Bianca Nugent, présidente
Coalition de parents d’enfants à besoins particuliers du Québec
[email protected]

 

Lili Plourde, directrice générale
Fédération québécoise de l’autisme
[email protected]

 

Amélie Duranleau, directrice générale
Société québécoise de la déficience intellectuelle
[email protected]