Crise en habitation au Québec: les plus vulnérables paient le prix fort dans toutes les régions

22 Mars 2025
Par Amélie Duranleau, Société québécoise de la déficience intellectuelle (SQDI)
En cette 37ᵉ Semaine québécoise de la déficience intellectuelle, il est essentiel de rappeler que les personnes les plus vulnérables de notre société, notamment celles vivant avec une déficience intellectuelle, sont parmi les plus durement touchées par la crise en habitation qui secoue toutes les régions du Québec. Les chiffres, extrêmement préoccupants, mettent en lumière une urgence sociale exigeant des actions immédiates.
Au Québec, près de 40 % des adultes de 22 à 44 ans ayant une déficience intellectuelle vivent dans des milieux de vie substituts, soit dans des appartements supervisés, des ressources intermédiaires et de type familial, etc. Actuellement, il manque des milliers de places dans les ressources résidentielles pour héberger les personnes qui habitent avec leur famille lorsque leurs proches ne seront plus en mesure de s’occuper d’elles.
De plus, souvent, faute de places, elles se font déraciner de leur région. Le nombre de milieux de vie substituts ne répond pas à la demande. Cette situation accentue la précarité résidentielle de ces personnes ou le risque de se retrouver en situation d’itinérance.Par ailleurs, ces milieux sont souvent marqués par des lacunes importantes : manque de personnel qualifié, règles restrictives et même, des situations d’abus et de maltraitance.
En 2024, héberger une personne dans un milieu de vie substitut coûtait environ 90 000$ par année à l’État québécois. Un chiffre qui fait réfléchir, surtout lorsque l’on sait que, selon Inclusion Canada, 75 % des personnes vivant avec une déficience intellectuelle (DI) vivent en situation de pauvreté et qu’il existe des solutions moins coûteuses et mieux adaptées aux besoins et aux aspirations de ces personnes. Ces constats et chiffres démontrent ainsi l’échec de notre système à protéger les plus vulnérables.
C’est justement pour dénoncer cette réalité inacceptable que notre regroupement, la Société québécoise de la déficience intellectuelle, en collaboration avec la Fédération québécoise de l’autisme et la Fédération des Mouvements Personne d’Abord du Québec, a déposé à l’Assemblée nationale du Québec cette semaine une pétition signée par plus de 6 000 citoyennes et citoyens, de partout au Québec, exigeant du gouvernement : une meilleure formation du personnel et gestion des milieux de vie substituts afin de garantir des conditions de vie adéquates et répondant aux besoins évolutifs des personnes.
Nous avons également demandé un financement accru et stable des milieux de vie substituts à but non lucratif, pour créer de nouvelles places partout au Québec et, pour assurer celles existantes permettant ainsi d’offrir un environnement sécuritaire et respectueux aux personnes concernées. Ces demandes visent à transformer en profondeur le système actuel, afin d’offrir aux personnes ayant une déficience intellectuelle des conditions de vie dignes, respectueuses de leurs droits et propices à leur épanouissement.
«Vivre dans une bonne ressource ne devrait pas être une question de chance. Je voudrais que mes amis disent eux aussi, j’ai ma place ! », avait déclaré cette semaine à l’Assemblée nationale du Québec, Louise Bourgeois, Vice-président de la Fédération des Mouvements Personne d’Abord du Québec, lors du dépôt officiel de la pétition.
En cette Semaine québécoise de la déficience intellectuelle, assurons-nous que les solutions visant à résoudre la crise en habitation soient adaptées à tous et à toutes, qu’elles respectent les droits fondamentaux des personnes qui ont une déficience intellectuelle. C’est ensemble, en tant que société solidaire, que nous pouvons mettre fin à cette crise et offrir un avenir plus juste et inclusif!
(Publiée par le groupe CN2i.)